Fondée durant l’Antiquité, Narbonne, ou Narbo Martius a connu une histoire riche et mouvementée, marquée par l’empreinte de différentes civilisations et notamment les Romains. Aujourd’hui, les vestiges de ce passé glorieux émergent peu à peu, dévoilant des trésors archéologiques inestimables.

Plongez dans les méandres du temps et découvrez Narbonne, une ville millénaire aux mille et une facettes, riche d’une histoire antique fascinante. De ses origines à son apogée en tant que capitale de la Gaule narbonnaise, Narbonne a traversé les siècles, laissant derrière elle un patrimoine exceptionnel.

L’EPCC Narbo Via vous invite à un voyage fascinant à travers le temps, à travers ses trois sites :

  • Le musée Narbo Via, véritable écrin de l’histoire romaine, abrite des collections d’objets du quotidien, des vestiges de monuments et des expositions temporaires.
  • L’Horreum, un entrepôt romain aux galeries souterraines, vous transporte dans l’univers du commerce et du stockage à l’époque romaine.
  • Amphoralis, situé à Sallèles-d’Aude, vous dévoile les secrets d’un marché de potiers et vous éclaire sur l’usage des plantes médicinales dans l’Antiquité.

Chaque site offre un regard unique sur la vie des Romains en Gaule narbonnaise.

  • Narbo Via vous plonge dans la vie quotidienne des habitants, leurs métiers, leurs loisirs et leurs croyances.
  • L’Horreum vous fait découvrir les rouages du commerce et de l’approvisionnement de la ville.
  • Amphoralis vous éclaire sur les techniques de production de la céramique et l’importance des plantes dans la vie quotidienne.

En visitant ces trois sites, vous aurez une vision complète et immersive de la vie à Narbonne à l’époque romaine.

Prêt à remonter le temps et à explorer les richesses antiques de Narbonne ?

I – La vie en Narbonnaise avant la conquête romaine

Vue sur la galerie d'expositions

La place d’un peuple antique : les Elisyques

Avant que les Romains ne peuplent ce qui deviendra la Gaule Narbonnaise, les Elisyques s’installent sur le territoire entre le 9e et le 6e siècle avant notre ère. Ils s’installent à quelques kilomètres de l’actuelle Narbonne, sur ce qui deviendra l’Oppidum de Montlaurès

Au fur et à mesure, le site devient une véritable ville fortifiée et une capitale pour le peuple : c’est ce qui constitue le site primitif de Narbonne, à environ 4 km au nord-ouest de la ville actuelle. Situé au sommet d’une colline, les Elisyques ont une visibilité parfaite sur la mer et les terres, et sont entourés de marécages, d’étangs et d’îles. 

Des échanges commerciaux se mettent alors en place avec les différents peuples du bassin méditerranéen. En effet, l’accès facilité à la mer leur permet d’échanger durablement avec les Grecs par exemple, ou encore les Etrusques. 

Lorsque ce peuple s’installe dans le sud de la Gaule, Rome connaît une période de troubles politiques et sociaux importants. La République Romaine se met en place en 509 avant notre ère (jusqu’en 27 avant notre ère), lorsque Tarquin le Superbe, le dernier des Rois Étrusques, est chassé de Rome. Rome n’est alors qu’un ensemble de villages qui sont fédérés. 

Vue sur la Mosaïque de Bacchus Arnaud Späni © Narbo Via

L’arrivée des Romains dans le sud de la Gaule

L’influence des Romains commence à devenir de plus en plus importante en Europe. Lors de la Deuxième Guerre Punique (218 à 202 avant notre ère), ils arrivent à appuyer leur contrôle sur la péninsule ibérique. Si le trajet se fait facilement par la mer, il leur fallait aussi une liaison par la terre pour s’assurer d’un meilleur contrôle.

Les choses s’accélèrent en 121 avant notre ère. Le sud de la Gaule constitue un point de contrôle de choix pour les Romains. Ils étaient en guerre contre les peuples antiques locaux. Deux généraux romains vont vaincre ces peuples : Quintus Fabius et Domitius Ahenobarbus. Une fois le territoire conquis, le Sénat ordonne la construction d’une voie terrestre afin d’être capable de mobiliser rapidement une armée. 

La personne désignée pour ce travail est le général Domitius Ahenobarbus. C’est ainsi que la Via Domitia est née. Et c’est sur cette route, au croisement de fleuve Attax (l’Aude actuelle) que la colonie de Narbo Martius voit le jour. Ce nom est la combinaison de deux termes : Narbo, de l’elisyque, qui signifie “entouré d’eau” et Martius, en référence au dieu de la Guerre romain.

Narbo Martius est alors la première ville de colonie romaine fondée hors de la péninsule italienne. Il est tout de même bon de garder en tête qu’avant l’arrivée des Romains, la région est déjà administrée par un peuple, que l’on surnomme “la Civilisation des Oppida”.

II – Narbonne, fille aînée de Rome

Narbo Martius, une colonie d’importance

A partir de la mise en place de la Via Domitia, Narbo Martius devient une colonie romaine d’importance. Selon Cicéron, cette colonie doit devenir l’observatoire et le rempart du peuple romain.

Pour renforcer l’influence romaine sur la région, plusieurs milliers de Romains sont expatriés vers la colonie. Le gouvernement de Rome leur promet des terres et une vie nouvelle alors que des conflits sociaux et économiques secouent la capitale. Le voyage en bateau vers Narbo Martius est payé, c’est ainsi que commence la fondation de la ville.

L’intérêt de la colonie est tel que des sites de production sont créés aux alentours. On peut évoquer le site de potiers à Sallèles-d’Aude, dont la première période d’activité est estimée au 1er siècle avant notre ère. Ce lieu permet d’observer que 17 fours ont été construits sur le site. Ils n’ont pas fonctionné en même temps, le maximum de fours qui auraient fonctionné en même temps serait 6 fours, sur une période de 10 ans, au cours du 1er siècle de notre ère. La capacité maximum de certains des fours est alors de 124m². Cela montre ainsi la valeur des amphores alors, qui servent de conteneurs lors de la circulation des marchandises en Méditerranée. 

La ville qui n’est à l’origine qu’une colonie devient peu à peu une ville d’importance pour devenir finalement la capitale de la Gaule Narbonnaise sous le règne d’Auguste, une province qui s’étend de Genève à Toulouse. Les auteurs romains décrivent une ville à l’architecture éblouissante.

Vue sur les amphores Arnaud Späni © Narbo Via

De colonie à ville romaine 

Narbo Martius est une véritable ville romaine, avec tous les monuments attribués, dont le capitole du forum, dédié aux trois divinités principales du panthéon romain (Jupiter, Minerve et Junon). C’était notamment un capitole remarquable par sa taille (podium de 36 m par 48 soit un peu plus grand que le podium du temple d’Auguste à Rome). La ville devient une seconde Rome au cours du temps. Si les monuments qui l’habitent ne sont pas aussi nombreux que dans la capitale, ils restent cependant de tailles similaires. Les écrits des auteurs de l’époque insistent sur la beauté des bâtiments.

La plupart des monuments colossaux de la ville sont érigés au cours du 1er siècle de notre ère, période d’acmé pour la ville. Elle compte à ce moment-là près de 40.000 habitants. A titre d’exemple, on estime que la population à Nîmes est de 25.000 habitants.

On peut affirmer que la ville est d’une grande importance pour Rome. En effet, une grande villa est retrouvée à Port-La-Nautique avec un vivier plus grand que celui construit par Tibère à Rome. Le propriétaire de cette villa n’est autre que Auguste, l’empereur qui est venu à Narbo Martius. Il y est venu pour nommer l’ancienne colonie capitale de la Province Narbonnaise en 27 avant notre ère. Il fait ainsi de la Gaule Transalpine la Gaule Narbonnaise. La villa découverte aurait été fréquentée jusqu’au 2e siècle de notre ère.

Vue sur les amphores d'Amphoralis

La chute de Rome et de Narbo Martius 

Ce qui est intéressant, c’est que les découvertes autour des zones portuaires ont aussi permis de mettre à jour des éléments des monuments antiques de Narbonne, pour renforcer ou reconstruire les installations, mises à mal par les aléas des étangs. La réutilisation des pierres montre l’importance du port pour la ville, au prix de monuments colossaux. Il faut rappeler aussi que le 5e siècle constitue l’installation du christianisme en Europe, ce qui explique le démantèlement des monuments dits profanes. Les constructions romaines sont en effet peu à peu remplacées par des basiliques.

Au cours du 5e siècle, en 422 Narbonne est prise par les Wisigothes. Elle sera officiellement conquise par le roi Théodoric II en 462. Elle devient brièvement capitale Wisigothiques au 6e siècle.

Il est bon de savoir qu’au cours du temps, l’activité du port a évolué jusqu’au 14e siècle pour devenir un port de pêche. Le port est détruit en 1320, envahi par une boue argileuse lors d’inondation. L’impact est tel que le cours de l’Aude se voit modifié pour devenir le fleuve que l’on connaît aujourd’hui. Avec la perte de l’Aude, Narbonne perd son rôle de ville marchande.

Vue sur la Galerie Lapidaire

III – L’importance de la mer et de l’eau dans l’Antiquité à Narbonne

Vue sur les galeries de l'Horreum

Il est intéressant de savoir que la région connaît un commerce florissant. En effet, le succès des vins de la région est tel que, pour apaiser les vignerons romains, l’empereur Domitien ordonne en 92 que la moitié des vignes en Gaule Narbonnaise soit arrachées.

Vue sur des enfants devant la reconstitution des bateaux antiques

Le port antique de Narbo Martius

Outre cela, la ville de Narbo Martius possède un des plus importants ports de Méditerranée, dans la lignée des Elisyques. Il constitue une porte vers les différents peuples qui habitent le pourtour méditérrannen, mais aussi vers l’intérieur de la Gaule. On importait d’ailleurs les vins d’Italie par ce port. 

Cette installation est un port fluvial, les bateaux pour y accéder doivent en premier lieu passer par le Grau (chenal reliant un étang côtier à la mer) pour entrer dans les étangs de Bages et Sigean. Un port a un rôle clef au cours de l’Antiquité car c’est les voies fluviales qui sont privilégiées dans le transport de marchandises. L’organisation du port de Narbonne est complexe. On peut parler de plusieurs ports car c’est un véritable système qui est mis en place dans l’Antiquité. Afin de faciliter le déchargement des gros bateaux, des avant-ports sont construits autour des étangs.

Le temps des découvertes

En 2010, des fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour de grands entrepôts. Les archéologues ont pu mettre à jour d’importantes installations vers la mer pour faciliter le déchargement de marchandises. Ces avancées sont deux chaussées parallèles.

Une épave, datant du 4 ou 5 e siècle de notre ère, a aussi été découverte, avec en son sein des amphores, particulièrement bien conservées. Elle aurait servi de colmatage après une catastrophe naturelle au 4e siècle qui aurait arraché une partie de la jetée. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, car on retrouve cela dans le port d’Ostie par exemple. La forme des amphores permet de dire qu’elles viennent du sud de l’Espagne et d’Afrique du nord.

Le port de Narbonne peut être considéré comme un port entrepôt ou un port de redistribution : toutes les marchandises arrivent de la mer par de gros bateaux, qui sont facilement chargés et déchargés grâce aux avancées vers la mer. Il connaît son apogée entre le 1er et le 2e siècle de notre ère. Si vous voulez en apprendre plus sur les ports narbonnais, l’exposition temporaire “Escale en Méditerranée romaine” saura vous captiver.

Conclusion : 

La ville de Narbonne était donc une ville de grande importance durant l’Antiquité. Cela semble étonnant, étant donné que des villes comme Arles ou Nîmes, bien moins importantes alors, ont laissé des vestiges à la surface encore visible aujourd’hui. Les fouilles qui dure depuis plus de 20 ans dans la ville ont permis de donner une idée de l’importance de la ville à l’époque. En se basant sur les écrits des contemporains et les artefacts retrouvés dans la ville, il est possible d’affirmer que la ville de Narbo Martius est la première fille de Rome. 

Une nécropole mise à jour en 2019 non loin du musée Narbo Via donne encore plus de poids à la ville dans le monde antique. En effet, ce site a permis à une équipe de chercheurs et d’archéologues de l’Inrap de fouiller et d’étudier environ 1500 tombes, sur une superficie de 2000 m². Cette nécropole constitue le plus important site funéraire antique découvert en France. C’est aussi une référence dans l’étude des pratique funéraire romaine en Gaule Narbonnaise. 

La ville de Narbonne semble cacher encore de nombreux secrets qui n’attendent qu’à être découvert.